Quelles sont les conséquences des événements traumatiques de l’enfance (Etude ACE) ?

traumatisme enfance

De l’anglais Adverse Childhood Experiences, L’ACE représente un ensemble d’évènements potentiellement traumatisants survenant pendant l’enfance (entre 0 et 18 ans).

 

Entre 1995 et 1997, une large étude a été menée sur les conséquences des expériences négatives de l’enfance, à partir d’une cohorte de plus de 17 000 patients du Kaiser Permanente (un grand réseau de soins médicaux intégrés) à San Diego aux USA.

Le but de l’étude a été d’observer les effets cumulatifs sur le long terme des traumatismes dans l’enfance et des dysfonctionnements dans les familles, sur la santé (physique et mentale) et la qualité de la vie à l’âge adulte.

Les traumatismes de l’enfance concernent plus des 2/3 de la population

Les résultats ont montré que les traumatismes de l’enfance sont fréquents, 67 % des personnes évaluées ont vécu ou moins une expérience traumatisante pendant leur jeune âge.

 

Parmi les traumatismes significatifs retenus pour l’étude (ACE), on peut citer l’abus ou la violence sur les enfants, la violence au sein du foyer ou de la communauté, la perte d’un proche… Toute expérience qui altère le sentiment de stabilité et de sécurité de l’enfant peut créer un traumatisme, comme des abus de substances (tabac, alcool, drogue), une séparation des parents ou une maladie mentale.

 

Un enfant qui vit dans ce type d’environnement de manière permanente est confronté à un stress toxique. Ce trouble s’avère particulièrement néfaste pour le développement cérébral de l’enfant. Il modifie le comportement de l’individu et altère ses capacités à se concentrer, à prendre des décisions, à apprendre et à répondre efficacement au stress.

 

Il existe des raisons scientifiques qui expliquent le fait que l’adversité précoce favorise certaines pathologies. Il faut noter qu’une telle expérience affecte particulièrement le développement du cerveau. Sous stress, le cerveau en développement d’un enfant libère une hormone qui réduit en fait la taille de l’hippocampe, une zone du cerveau responsable du traitement des émotions et de la mémoire et de la gestion du stress.

 

 

Un enfant qui subit des expériences traumatisantes pendant son jeune âge voit également son cortex frontal inhibé. Il s’agit de la zone qui contrôle les impulsions et les fonctions exécutives. Cette partie du cerveau est cruciale pour l’apprentissage, la prise de décision et les compétences d’autorégulation.

L’exposition répétée au stress va également modifier l’amygdale qui est le centre de traitement de la peur.

Ces causes neurologiques peuvent expliquer certains comportements à risque d’un adolescent qui a subi des traumatismes et vont aboutir logiquement à des problèmes de santé.

 

Cependant, un comportement à risque n’est pas le seul responsable de toutes les pathologies favorisées par l’ACE. Il faut noter que pendant un évènement traumatisant, l’organisme met en jeu l’axe hypothalamus, pituitaire, surrénal. Cet axe stimule la sécrétion de l’adrénaline et du cortisol. Ce sont les hormones de lutte contre le stress. Dès que ces substances sont libérées dans la circulation sanguine, la fréquence cardiaque s’accélère, les pupilles se dilatent, la température monte : le sujet se prépare à faire face au danger.

 

Au cours d’un ACE, un enfant va faire face à ce genre de réaction de manière répétée. En plus de nuire au développement de son cerveau et de son corps, cette expérience altère également son système immunitaire ainsi que son équilibre hormonal. Il est plus sujet à développer des maladies chroniques à l’instar d’une pathologie coronarienne ou d’un cancer.

 

Mais ce n’est pas tout, des chercheurs de Yale ont récemment découvert que les enfants qui avaient fait face à un stress chronique et toxique présentaient des changements «à travers tout le génome», dans des gènes qui supervisent non seulement la réponse au stress, mais aussi dans les gènes impliqués dans un large éventail de maladies adultes.

 

Une constellation de maladies chroniques à l’âge adulte

 

Les chercheurs ont par ailleurs mis en évidence une relation dose réponse. Autrement dit, plus le score de l’ACE est élevé, plus les risques de survenues de pathologies particulières s’avèrent importants.

 

Un sujet qui présente un score ACE de 4 aura un risque 2,5 fois plus élevé que la population normale de développer une maladie chronique d’obstruction pulmonaire dont la plus fréquente est l’asthme. La probabilité d’attraper une hépatite est aussi multipliée de 2,5 fois. Le risque de souffrir d’une dépression avec un score ACE de 4 augmente de 450% par rapport à une personne ayant un score de 0 et ces personnes auront 12 fois plus de risque de faire une tentative de suicide.

 

Pour un score ACE de 7 ou plus, les risques qu’on diagnostique une maladie plus grave chez le sujet augmentent encore. Entre autres, la victime est 3 fois plus vulnérable à un cancer des poumons. La probabilité qu’elle développe un infarctus du myocarde est également augmentée de 3,5 fois.

 

Vous pouvez voir une synthèse des principaux résultats de l’étude ACE sur cet infographique (en anglais).

 

La rubrique How do ACEs affect our lives ? (Comment les ACEs affectent nos vies ?), vous permet de déplacer un curseur et d’observer comment les différentes pathologies évoluent en fonction du nombre d’évènements négatifs subis dans l’enfance (plus le score AECE augmente plus la taille des « bulles » augmente.

 

Quel est votre score ACE ?

Et vous ? Avez-vous subi des traumatismes dans l’enfance ? Se pourrait-il que ces événements soient la cause de vos problèmes de santé aujourd’hui ?

 

Vous pouvez faire le test en français ici.

 

Pour aller plus loin :

Vous trouverez de nombreuses informations concernant l’étude ACE sur internet, par exemple la présentation TED de Nadine Burke Harris qui a déjà plus de 3 millions de vues.