Conte du vieil homme et de son cheval

white horse run gallop

Si les contes ont traversé les siècles et les continents c’est qu’ils parlent à notre inconscient de vérités universelles. Ils nous aident à grandir et à comprendre le monde, à comprendre les autres et à mieux nous comprendre nous même.

Autrefois surtout destinés aux enfants, ils sont aujourd’hui de plus en plus utilisés en psychologie chez l’adulte.

 

Je vous propose aujourd’hui un conte qui nous vient de Chine.

 

Le vieil homme et son cheval

Il était une fois un vieil homme qui vivait dans un petit village. Bien que très pauvre, il était envié de tous, car il possédait un trésor : un magnifique cheval blanc. Même le roi convoitait son trésor. Personne n’avait jamais vu un cheval d’une telle splendeur, d’une telle endurance et d’une telle force.

Les plus riches seigneurs des environs avaient proposé au le vieil homme d’acheter son cheval à des prix fabuleux, mais le vieil homme a toujours refusé. “Pour moi, c’est plus qu’un cheval leur disait-il, il est comme un ami, comment voulez vous vendre un ami ? “

 

Un matin à son réveil, le vieil homme constata que son cheval merveilleux n’était plus dans l’écurie. Tous les gens du village vinrent le voir en apprenant la nouvelle. “Vieil imbécile, lui dirent –il, nous t’avions prévenu que cela arriverait. Tu es si pauvre, tu aurais du vendre ce cheval. Tu serais couvert d’or à l’heure qu’il est. Au lieu de ça tu as laissé passer ta chance. Maintenant le cheval s’est échappé ou bien quelqu’un l’aura volé et toi, tu es maudit. “

 

Le vieil homme leur a simplement répondu : “Ne parlez pas si vite. La seule chose que nous savons c’est que mon cheval n’est plus dans l’écurie. Le reste n’est que votre interprétation. Comment pouvez vous savoir si j’ai été maudit ou pas ? Comment pouvez-vous porter un jugement sur ce qui se passe ? “

 

Les gens du village ont protesté, “Ne nous fait pas passer pour des imbéciles! Nous ne sommes peut être pas de grands philosophes. Nous ne sommes peut être pas aussi sage que tu l’es mais c’est évident, la disparition de ton cheval est une malédiction. “

 

Le vieil homme répondit à nouveau “Tout ce que je sais, c’est que l’écurie est vide, et que le cheval est parti. Le reste, je ne sais pas. Que ce soit une malédiction ou une bénédiction, je ne peux pas le dire. Tout ce qu’on peut voir, c’est un fragment d’une vérité qui nous dépasse. Qui peut prédire ce qui va suivre? 

 

Les gens du village se mirent à rire. Ils pensèrent que l’homme était fou. Ils avaient toujours pensé qu’il était stupide; s’il n’était pas, il aurait vendu le cheval et il serait riche. Mais au lieu de cela il n’était toujours qu’un pauvre bûcheron. Un vieil homme qui devait couper du bois et le vendre pour survivre. Il vivait au jour le jour dans la misère et dans la pauvreté. Vraiment, c’était bien la preuve qu’il était idiot !

 

Au bout de quinze jours, le cheval revint. Il n’avait pas été volé, il s’était enfui dans la forêt. Non seulement il était revenu, mais il avait apporté avec lui une douzaine de chevaux sauvages. A nouveau, les gens du village se rassemblèrent autour du bûcheron et lui dirent. “Vieil homme, tu avais raison et c’est nous qui avions tort. Ce que nous pensions être une malédiction est une bénédiction. S’il te plaît pardonne-nous. “

 

Le vieil homme répondit: “Encore une fois, vous allez trop loin. Dites seulement que le cheval est de retour. Je constate seulement qu’une douzaine de chevaux sont venus avec lui, mais je ne juge pas. Comment savez-vous si c’est une bénédiction ou non? Vous ne voyez qu’un fragment de la réalité. Comment pouvez-vous juger sans connaitre le reste de l’histoire? Si vous lisez une seule page d’un livre. Pouvez-vous juger tout le livre? Si vous lisez un seul mot d’une phrase. Pouvez-vous comprendre la phrase entière? “

 

“La vie est si vaste, et pourtant vous juger toute la vie avec une page ou un mot. Tout ce que vous avez n’est qu’une partie des informations! Ne dites pas que c’est une bénédiction. Personne ne le sait. “

 

“Peut-être que le vieil homme a raison, ” disaient-ils les uns aux autres. Alors ils n’en parlèrent pas plus cette fois pour ne plus être ridiculisé. Mais tout au fond, ils savaient qu’il avait tort. Ils savaient que c’était une bénédiction. Douze chevaux sauvages étaient arrivés dans l’écurie du vieil homme. Avec un peu de travail, les animaux pourraient être dressés et vendus pour beaucoup d’argent.

 

Le vieil homme avait un fils, un fils unique. Le jeune homme se mit à dresser les chevaux sauvages. Après quelques jours, il tomba d’un des chevaux et se cassa les deux jambes. Une fois encore, les villageois rendirent visite du vieil homme et lui donnèrent leur avis.

 

“Tu avais raison,” disaient-ils. “La douzaine de chevaux n’étaient pas une bénédiction. Ils étaient une malédiction. Ton fils unique s’est cassé les deux jambes, et maintenant dans ta vieillesse tu n’as plus personne pour t’aider, c’est un grand malheur. Maintenant, tu es plus pauvre que jamais. “

 

Le vieil homme parla de nouveau. ” Pourquoi les gens comme vous sont-ils obsédés par le jugement ? N’allez pas si loin. Dites seulement que mon fils s’est cassé les deux jambes. Qui sait si c’est une bénédiction ou une malédiction?

Personne ne sait. Nous avons seulement accès à une parcelle de vérité. “

 

Il se trouve que quelques semaines plus tard, le pays s’engagea dans une guerre contre un pays voisin. Tous les jeunes hommes du village furent réquisitionnés pour rejoindre l’armée. Seul le fils du vieil homme resta chez lui, car était blessé. Une fois de plus les villageois se rassemblèrent autour du vieillard, en pleurant et en criant parce que leurs fils étaient partis. Il y avait peu de chance qu’ils reviennent. L’ennemi était fort, et cette guerre serait un combat perdu. Ils n’allaient jamais voir leurs fils.

 

“Tu avais raison, vieil homme, pleuraient-ils. “Dieu sait que tu avais raison. L’accident de ton fils a été une bénédiction. Ses jambes sont peut être cassé, mais au moins il est avec toi. Nos fils à nous ont disparu à jamais.”

 

Le vieil homme leur parla à nouveau. “Il est impossible de savoir. Vous continuez à tirer des conclusions sur ce que vous ne comprenez pas. Personne ne sait. Dites seulement ceci. Vos fils ont dû aller à la guerre, et le mien ne l’a pas fait. Personne ne sait si c’est une bénédiction ou une malédiction. Personne n’est assez sage pour savoir. Dieu seul le sait. “

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